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“Et voilà. Le dernier oeuf vient d’être déposé. Ils seront en sécurité, et auront le temps de se développer! Quel beau travail, j’ai hâte de voir ces bêtes, une fois sorties de leur coquille! Allez, Isaak, attrape le ciment, les outils, et aide-moi à reboucher l’entrée. Dit aussi à toute l’équipe de commencer à remonter. La mission est finie! Victoire!”

 

Ah, ça lui faisait plaisir, à ce petit enfoiré de voir qu’il avait réussi avec brio sa mission, n’est-ce pas? Il était si heureux, à l’idée d’annoncer au grand chef qu’il avait réussi à créer les magnifiques créatures, comme prévu, et qu’il avait pu déposer les oeufs, comme il avait été convenu. Parce qu'évidemment, il était génial. Il était parfait. Bien sûr, il était cette magnifique allégorie de l’intelligence. Un homme parfait, capable d’utiliser cette excellence qui formait sa splendide personne, cette intelligence exceptionnelle, pour soigner les maux de l’humanité. Ah, comme elle était belle, cette noble tâche. Sauver l’humanité par la science. Mais pour Isaak, c’était juste pathétique. Ça n’était pas tant le fait de vouloir garantir la survie des hommes par la science qui l’insupportait, mais plus le fait que tous les espoirs scientifiques soient placés en une seule et même personne… Cet enfoiré de Félix. Quel prénom. Il le détestait. Il le haïssait. Cet homme exécrable, égoïste comme personne, et complètement imbu de sa personne… Et c’était lui, le grand génie de la science? Ce prodige admiré par toute la communauté scientifique? Et plus encore, qui provoquait un enthousiasme certain, même chez les hauts dirigeants de cette terre? Ces hommes importants, qui le faisait s’écrouler sous les subventions à chaque projet qu’il lançait. C’était à vomir. Mais ça n’était maintenant plus qu’une question de temps avant que tout le prestige qui lui avait été illégitimement attribué ne s’effondre. 2 mois, tout au plus. Et là, ce serait la désillusion, pour tout le monde. Félix Pragant deviendrait bientôt l’homme responsable de la disparition de l’humanité, à cause de son projet désastreux. Il allait troquer l’admiration qu’on lui portait contre une haine, et une rancune qui jamais ne se taira. Ah, il voulait être connu de tous, et admiré pour ses exploits? Il voulait que son nom reste à tout jamais inscrit dans les esprits des gens,? Alors, tant mieux. Car, l’Histoire allait bien retenir son nom. Elle allait même lui attribuer d’adorables appellations, des titre que jamais il n’aurait pensé recevoir. “L’Assassin de l’Humanité, le Destructeur de la Vie, Félix Pragant, ces titres, tu les gagnera, je t’en fais la promesse. Dans deux mois, tout s’effondrera pour toi. Pour toi, et pour tous ces hommes, aussi stupides que tu l’as été. Il n’y aura plus que moi, le seul qui méritait tout ce qu’on t’as toujours donné. Félix, cette fois-ci, je ne te laisserai pas gagner. Je ne laisserai gagner personne, la victoire sera mienne, comme elle aurait dû l’être depuis le début.”

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Dès lors, le jeune homme avait commencé à travailler sur le moyen de faire tomber ce pseudo-scientifique. Il voulait faire les choses en grand. Il voulait que tous se rendent compte à quel point cet homme était la risée des chercheurs. Car, il n’éprouvait pas qu’une haine personnelle envers Félix, mais c’était envers l’humanité dans son entièreté. Il les haïssait tous autant qu’ils étaient. Il maudissait l’espèce humaine, pour sa petitesse d’esprit, et son incapacité à réfléchir par elle-même. Aveuglée, elle ne se rendait pas compte de toutes les erreurs qu’elle commettait. Cette haine contre l’Humanité, il l’avait éprouvée dès son plus jeune âge. Une espèce composée d’êtres sans la moindre compassion, égoïstes, qui ne font attention à rien, ni à personne, mais seulement à eux-mêmes. Même dans le cercle familial, c’était ainsi. Ou du moins, il l’avait toujours vu ainsi. Lors de son enfance, il avait pu constater à quel point l’Homme était un être pourri, jusqu’au plus profond de son âme. Tous ces défauts, concentrés dans un seul et même individu… Il n’y avait que chez l’Homme que cela existait. Et, au cours de ses 31 années de vie, il avait pu à chaque fois le prouver, à commencer par la famille. La sienne reflétait à merveille à quel point l’Humanité était égoïste, et possédait tous les défauts possibles. Sa mère n’était jamais là. Elle semblait déserter la maison, pour vagabonder on ne savait où. Enfin, Isaak, lui, le savait. Et avec le recul, il en était persuadé, elle se rendait chez d’autres hommes. Premier défaut. première preuve de l’erreur qu’est l’Humanité. Et chez sa mère, les défauts étaient nombreux. Et son père… Son père non plus n’était pas irréprochable. Égoïste à souhait, avare, imbu de sa personne… Jamais il n’avait donné ne serait-ce qu’une once d’attention à son propre enfant. Jamais il ne l’avait encouragé pour toutes les choses qu’il faisait bien. Jamais il ne l’avait félicité pour ses bonnes notes… Mais étonnement, lorsqu’Isaak faisait mal les choses, quand il ramenait des 4 à la maison… Là, c’était bien différent. Réprimandes, violences, cris… En fin de compte, l’attention, il ne l’avait qu’en se comportant mal. Alors, oui, jusqu’au lycée, c’est exactement ce qu’il fit, avant de découvrir que l’Humanité ne méritait même pas son intérêt. Ses camarades, ses “amis”, sa famille… Tous l’avait déçu. Personne ne croyait en lui. Personne ne s’intéressait à lui. Pour ses amis, il le savait, cet intérêt n’était qu’une illusion. Ils lui faisaient seulement croire que ce qu’il faisait était bien, qu’ils l’appréciait… Car, en réalité, ils étaient jaloux, Isaak l’avait bien vu. À chaque note excellente, tous faisaient mine d’être ravis, mais en réalité, ils le maudissaient. C’était bien au-delà de l’envie, c’était de la jalousie, cet autre défaut que portait l’Homme en son cœur… Et, dès qu’une terrible note lui tombait dessus… Les moqueries. Les rabaissements. “Ah, bah finalement, il n’est pas si intelligent que ça!” “Alors, tu n’avais pas appris ton cours par cœur, cette fois?” C’étaient toujours les mêmes remarques, il n'y a jamais eu aucune bienveillance dans ces êtres, et il n'y en aura jamais.

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Pendant toutes ces années, Isaak l’avait bien observée, cette Humanité. Il l’avait observé évolué, sans jamais apprendre de ses erreurs. C’est alors dans ses études supérieures qu’il l’avait réellement compris: dans cette humanité, rien n’était à sauver, tout était à jeter. Même là, personne n’avait remarqué à quel point Isaak était ingénieux, et doté d’une intelligence certaine. Parce qu’il ne recrachait pas son cours comme tous les autres, parce qu’il dérivait souvent sur des sujets différents de ceux inscrit sur sa copie, le jeune homme avait été classé comme un élève moyen. Moyen. Toute sa vie, il n’avait été décrit qu’ainsi. Moyen. Ces gens, qui eux-même, formaient la définition parfaite de la médiocrité, et même, de la petitesse, de l’imperfection, osaient réduire des hommes bien meilleurs qu’eux à la case “médiocre”? Tout ça parce qu’il était déplaisant pour eux de se retrouver face à quelqu’un bien plus intelligent? Frustré, on pouvait dire qu’il l’était. Frustré de n’avoir jamais été pris en considération, nul part. ni dans ses études, et ce, à tous les niveaux, ni par sa famille, ni par ses amis, ni même dans son métier… Seulement, Isaak refusait de se dire qu’il était frustré. Non, il n’était pas frustré. Il ne pensait pas que l’humanité méritait détruite, simplement parce qu’il était frustré que personne n’ait fait attention à sa personne, mais plutôt parce qu’elle était mauvaise. Oui, c’était cela. Il n’était pas égoïste. Toute sa vie, il avait inutilement essayé de penser aux autres sans jamais rien attendre en retour… Et en n’ayant jamais rien reçu en retour. L’homme prenait tout, mais ne donnait rien. L’égoïsme dans sa forme la plus parfaite. L’erreur, l’imperfection, dans sa plus belle allégorie. Oui, c’était cela même. L’Homme était l’allégorie de l’imperfection… Mais, à ce stade, que pouvait-il vraiment faire? Rien. Il venait, à 26 ans, de rentrer dans l’ISRE, et honnêtement, il n’avait pas une excellente place. Alors, même si la réponse était terriblement frustrante, c’était pourtant la réalité. Il ne pouvait rien faire, pour corriger l’imperfection de l’homme. Il ne pouvait agir, et se retrouvait prisonnier au milieu d’individus qui ne le pensait capable que de nettoyer les bécher et tubes à essais… Et est-ce que ça l’avait étonné, venant de la part de ces hommes? Non. Après tout, il le savait, il l’avait toujours su, et l’avait toujours dit: l’Homme égoïste, perfide, et se pensait toujours plus fort que son voisin. Ça avait toujours été le cas jusque là, pendant ses études, alors, pourquoi cela changerait dans le monde du travail?

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“Ah, j’ai vraiment hâte de voir mes créations éclorent! Quel beau travail nous avons fait! Je ne tiendrai pas deux mois, ça c’est sûr!’

 

Et il avait ri. Mais quel enfoiré. Ce rire le dégoûtait. Il n’en pouvait plus de cet homme. Mais heureusement, il n’aurait plus que deux mois à le supporter. Et, il n’allait pas le cacher, Isaak aussi avait hâte, et ça n’était pas pour les mêmes raisons. Ceci dit, tout comme lui, il mourrait d’envie de voir ses créations éclore. Ces créatures, dont Félix se pensait le créateur, ces animaux dociles et utiles qu’il pensait avoir créé… D’ailleurs, toute la petite équipe avait hâte. Tous souriaient, tous étaient fiers de pouvoir se dire que dans deux mois, de merveilleuses créatures, leurs splendides genèses verraient le jour. Après tout, cela faisait plus d’un an que les sept hommes, Isaak y compris, avaient été réunis pour aider à la conception de ce projet. Un projet classé comme confidentiel, dont l’accès aux dossiers, ainsi qu’aux laboratoires étaient réservés uniquement aux membres du programme. Oh oui, c’était un projet d’une grande ampleur, évidemment lancé par Félix, qui s’était alors retrouvé chef d’une petite équipe, comme à son habitude. Et comme à chaque fois que cet homme pitoyable lançait un programme, Isaak se trouvait forcément dans la conception du projet. Même lorsque le projet ne venait pas de Félix lui-même, c’était pourtant toujours lui qui se retrouvait directeur de ce projet. C’était lassant. C’était frustrant. Mais surtout, c’était illégitime. Oui, cet homme, cette ordure méritait absolument pas la place qu’on lui offrait, dans la société scientifique. Pourquoi lui? Pourquoi Félix, et pas Isaac? Cet enfoiré qui, dès le jour où il avait posé ses pieds impurs sur le carrelage blanc du laboratoire, lui avait volé sa place… Place qu’il ne méritait même pas. Lui, intelligent? Inepties. Il ne valait pas plus qu’un jeune diplômé, recrachant tous les contenus de ses cours sans la moindre réflexion. Alors, oui, depuis ce jour, depuis qu’il était entré dans la grande équipe du laboratoire ISRE [Institution Scientifique de Recherche et d’Étude], Isaak l’avait haï, de tout son coeur. Car, seulement parce qu’il était beau et jeune, on lui avait tout donné. Et cette générosité n’avait jamais eu de fin. Il avait injustement gravi les échelons, jusqu’à se faire remarquer par le gouvernement. Et ces abrutis étaient tombé d’admiration pour cet homme. Ridicule, c’était ridicule. Isaak n’avait jamais compris l’engouement que tout le monde avait pour cet homme. Un engouement, une adoration injustifiée, mais qui, il se l’était juré, se terminerait un jour, tôt ou tard. Et ce jour était enfin arrivé. Après 3 ans passés à supporter la présence de cet homme révoltant, l’occasion de se débarrasser de lui était enfin venue, avec l’annonce de ce “fantastique” projet. Et c’est à ce moment là qu’Isaak l’avait su: il allait pouvoir rendre justice à la science, à tous les chercheurs bien plus talentueux que Félix mais aussi, et surtout… Se rendre justice, à lui-même. Avec ce projet, Félix venait de signer son arrêt de mort. Et c’était la meilleure chose qu’Isaak aurait pu souhaiter: la mort de Félix. La mort de sa personne, mais aussi de son prestige.

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"Il faut la détruire, elle ne mérite pas d'être sauvée."

Isaak Azarov

Deux ans. Il avait attendu deux ans avant qu’on admette qu’il n’était pas qu’un simple laborantin, et qu’il avait un certain savoir, qui pourrait être utile au laboratoire. Mais, malheureusement, c’est aussi deux ans après son embauche que débarqua Félix. Isaak avait à ce moment là 28 ans. Et, c’est peu de temps après cet événement que le jeune homme s’était définitivement fixé sur ce qu’il devait advenir de l’Humanité. Personne, non, personne ne devait être sauvé. L’Humanité était puante, pire qu’imparfaite, formée uniquement de défauts et d’erreurs… Si bien qu’il ne pouvait ne pouvait citer tous les défauts, tellement ils étaient nombreux. Entre égoïsme, hypocrisie, perversion, corruption, et bien d’autres joyeuseté encore, tout était évident pour Isaak. Elle devait être détruite. L’Humanité n’avait pas sa place, sur cette Terre, au milieu de cette nature resplendissante… Tout devait disparaître. Et le premier qui ouvrirait le bal menant à la destruction totale allait être Félix. Voilà la promesse qu’il s’était faite à 28 ans. Félix devait mourir, et entraîner l’Humanité dans sa presque totalité avec lui. Et depuis ce serment, auquel il s’était juré l’accomplissement de la dévastation totale de l’espèce humaine, une seule question n’avait plus que parcouru son esprit: comment?

 

La réponse définitive à cette question lui était parvenue trois ans après. Après trois ans à avoir supporté cet homme qui excédait au plus au point, la réponse lui était enfin venue. Il allait “saboter” le projet auquel cet abruti tenait tant. Ce projet qui portait les espoirs des plus grands scientifiques, et même des hauts dirigeants de ce monde. Ce projet qui, afin d’obtenir des résultats glorieux, avait été subvention dans son entièreté par l’État… Isaak avait tout à sa disposition, pour enfin accomplir son serment. Ah, il voulait créer des animaux qui aideraient à la préservation de l’environnement? Comme c’était beau… Isaak, lui, en ferait tout autre chose. Ce projet, il le savait, c’était l’occasion pour lui de montrer toute l’étendue de son savoir, de sa science, mais aussi, et surtout, de faire couler cette Humanité qui ne méritait pas de vivre. Oh oui, elle méritait d’être détruite, et de ne plus jamais réapparaître. Elle était les maux de ce Monde, elle était l’imperfection, et ne devait disparaître, coûte que coûte. Alors, pendant un an, le jeune homme avait travaillé sur ce fou projet. Et, c’est après un an de dur labeur que le grand jour était venu. Le jour où les oeufs des adorables animaux bioéthique allaient être couvés dans la grotte. Cet endroit, c’était Isaak qui l’avait proposé. Car, c’était le seul endroit capable de faire se développer la quarantaine d’oeufs, qu’il avait précautionneusement déposé la veille, à la place des oeufs du véritable projet. C’était un coup de maître. Pendant cette année, il n’avait attendue qu’une chose. Voir ce monde dans la panique la plus total, observer la destruction et le chaos… Observer l’espèce humaine s’éteindre à petit feu… Il était le créateur de la plus belle chose de ce monde. Il n’avait pensé qu’à ça. Et chaque jour, à chaque minutes qui s’était écoulée, cette volonté brûlait toujours plus ardemment dans sa poitrine. C’était comme s’il ne vivait que pour cela. Il ne voulait plus qu’une chose: être témoin du massacre de l’Humanité toute entière, grâce à ce projet dont Félix était le fondateur. Ce projet qui ne laisserai personne vivant… Ce projet qui allait plonger ce Monde dans un magnifique chaos, qu’Isaak observerait avec émerveillement et enthousiasme. Et peut-être plus que ça encore, il voulait voir Félix s’effondrer, en même temps que cette humanité. Il voulait voir sa réputation, et son prestige se ternir, à tout jamais. Il voulait qu’on le haïsse comme lui l’avait haï. 

 

“Ce que vous nommerez catastrophe dans quelques mois, sera la chose la plus belle que ce monde n’aura jamais vu: la fin de tous ses maux... Il ne restera plus rien, plus rien du tout! L’Humanité tombera dans l’oubli, et c’est absolument tout ce qu’elle mérite! Faites vos adieux, car après, ce sera la Fin, une Fin magistrale et magnifique! Vous n’aurez plus qu’à observer, ce splendide chaos!”

Dès lors, le jeune homme avait commencé à travailler sur le moyen de faire tomber ce pseudo-scientifique. Il voulait faire les choses en grand. Il voulait que tous se rendent compte à quel point cet homme était la risée des chercheurs. Car, il n’éprouvait pas qu’une haine personnelle envers Félix, mais c’était envers l’humanité dans son entièreté. Il les haïssait tous autant qu’ils étaient. Il maudissait l’espèce humaine, pour sa petitesse d’esprit, et son incapacité à réfléchir par elle-même. Aveuglée, elle ne se rendait pas compte de toutes les erreurs qu’elle commettait. Cette haine contre l’Humanité, il l’avait éprouvée dès son plus jeune âge. Une espèce composée d’êtres sans la moindre compassion, égoïstes, qui ne font attention à rien, ni à personne, mais seulement à eux-mêmes. Même dans le cercle familial, c’était ainsi. Ou du moins, il l’avait toujours vu ainsi. Lors de son enfance, il avait pu constater à quel point l’Homme était un être pourri, jusqu’au plus profond de son âme. Tous ces défauts, concentrés dans un seul et même individu… Il n’y avait que chez l’Homme que cela existait. Et, au cours de ses 31 années de vie, il avait pu à chaque fois le prouver, à commencer par la famille. La sienne reflétait à merveille à quel point l’Humanité était égoïste, et possédait tous les défauts possibles. Sa mère n’était jamais là. Elle semblait déserter la maison, pour vagabonder on ne savait où. Enfin, Isaak, lui, le savait. Et avec le recul, il en était persuadé, elle se rendait chez d’autres hommes. Premier défaut. première preuve de l’erreur qu’est l’Humanité. Et chez sa mère, les défauts étaient nombreux. Et son père… Son père non plus n’était pas irréprochable. Égoïste à souhait, avare, imbu de sa personne… Jamais il n’avait donné ne serait-ce qu’une once d’attention à son propre enfant. Jamais il ne l’avait encouragé pour toutes les choses qu’il faisait bien. Jamais il ne l’avait félicité pour ses bonnes notes… Mais étonnement, lorsqu’Isaak faisait mal les choses, quand il ramenait des 4 à la maison… Là, c’était bien différent. Réprimandes, violences, cris… En fin de compte, l’attention, il ne l’avait qu’en se comportant mal. Alors, oui, jusqu’au lycée, c’est exactement ce qu’il fit, avant de découvrir que l’Humanité ne méritait même pas son intérêt. Ses camarades, ses “amis”, sa famille… Tous l’avait déçu. Personne ne croyait en lui. Personne ne s’intéressait à lui. Pour ses amis, il le savait, cet intérêt n’était qu’une illusion. Ils lui faisaient seulement croire que ce qu’il faisait était bien, qu’ils l’appréciait… Car, en réalité, ils étaient jaloux, Isaak l’avait bien vu. À chaque note excellente, tous faisaient mine d’être ravis, mais en réalité, ils le maudissaient. C’était bien au-delà de l’envie, c’était de la jalousie, cet autre défaut que portait l’Homme en son cœur… Et, dès qu’une terrible note lui tombait dessus… Les moqueries. Les rabaissements. “Ah, bah finalement, il n’est pas si intelligent que ça!” “Alors, tu n’avais pas appris ton cours par cœur, cette fois?” C’étaient toujours les mêmes remarques, il n'y a jamais eu aucune bienveillance dans ces êtres, et il n'y en aura jamais.

La petite équipe, après s’être faufilé dans une cavité, venait tout juste d’arriver à l’entrée de ce trou béant, dans lequel ils étaient entrés deux mois auparavant. Pour atteindre la crevasse qui avait été creusées, dans les roches, au beau milieu de ce trou, il fallait descendre en rappel. Évidemment, seuls Félix et Isaac allaient descendre, afin de casser le ciment qui avait servi à boucher l’entrée, deux mois plus tôt. C’était enfin l’heure, Il avait hâte. Il avait si hâte. Alors, il était descendu en premier, et était venu se placer assez en dessous du l’entrée qu’ils allaient déboucher, laissant Félix en face de cet espèce de mur de ciment. De toute façon, il tenait absolument à casser le mur. Soit. Isaak allait lui laisser ce plaisir. Il observerait cette joie sur son visage, qui se transformerait en une si belle désillusion. Ah, il n’était pas prêt. Vraiment pas prêt. Isaak, de là où il était, n’avait aucun risque. Avec que Félix pousseraient, et avec les interpellations des camarades plus haut, il était sûr que les créatures ne viendraient pas vers lui. Il en avait la certitude. Après tout, il les connaissait bien. Très bien, même.

 

Il avait commencé venir se faire écraser sur le mur son marteau, et Isaak pouvait déjà entendre de l’agitation derrière les paroies. Cela fonctionnait. Elles réagissaient aux bruits. C’était merveilleux. Le premier morceau de ciment venait de s’écrouler, s’écrasant quelques mètres plus bas. Et Félix parlait. Quelle belle erreur. Il parlait, et continuait de marteler le mur, jusqu’à ce qu’un nuage noir se précipite sur l’homme, pour dévorer son corps sans la moindre pitié. Évidemment, il avait lancé un cri d’horreur, avant même que sa chair ne soit arrachée, ce qui provoqua des réactions de la part des autres membres perchés en haut. Et, une bonne partie des créatures se précipitèrent alors vers ces nouveaux bruits. Des cris partout. Les cinq membres en haut hurlaient tellement fort, que les créatures, encore en train de déguster leur premier repas, qui n’était autre que Félix, se précipitèrent à leur tour en haut. Après ça, après avoir enfoncé leurs dents acérées, après avoir déchiré ces immondes chairs des six scientifiques, ces magnifiques créatures allaient s’envoler en direction de la seule issue possible: vers le monde extérieur, pour continuer leur festin. Et d’ailleurs, ce moment était venu plus tôt que prévu. Il n’y avait déjà plus un bruit dans la grotte, seulement quelques faibles gémissements de souffrance. Comme c’était apaisant...

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La fin venait de débuter. Dans quelques heures, le monde serait plongé dans un magnifique chaos. Alors, il avait regardé le corps de Félix, montrant sans aucune gêne ses entrailles, le visage empli de souffrance. Cet homme, semblait appeler au secours. Il avait encore la foi? Suspendu dans le vide, les viscères à l’air libre, prêtes à se détacher de leur propriétaire pour se jeter dans le vide… Malgré tout ça, il espérait qu’un miracle se produise, et le sauve de la mort certaine? Mais non, cette fois-ci, ça ne se passerait pas comme ça. Alors, Isaak lui avait seulement sourit, en observant l’horreur se dessiner sur son visage, malgré la souffrance intense qui le marquait. Oui, c’est à ce moment qu’il avait comprit. Il venait de comprendre que la catastrophe n’était pas accidentelle, mais bien volontaire. Il venait de comprendre qui était l’auteur de cet acte criminel, et qu’il ne sortirai pas vivant de cette épreuve. Sa vie était fichue, comme le serait celle de plusieurs milliers d’individus, dans quelques instants... Et ce, par la volonté d’une seule personne. Cette personne qui se trouvait devant lui, un sourire presque dément aux lèvres… Et c’est sur cette dernière vision qu’il allait quitter ce monde. Le visage de son collègue, animé d’une excitation effrayante face au désastre qui allait se produire. 

 

Son collègue, Isaak, venait de porter son doigt devant sa bouche. Sous son incompréhension total, il avait observé l’homme, sur un tout dernier sourire, souffler presque inaudiblement un mot, qui fit frissonner sa chair déchirée par endroits. Il n’y avait plus de doutes, c’était la fin, et presque personne ne survivrai.

 

“Chut…”

• Lethunia

SILENCE

Taisez-vous

o u  m o u r r e z

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