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Une famille aimante. Des amis en or. Extérieurement, Carmen avait tout d’une jeune fille à la vie parfaite. Et c’était le cas. Elle ne pouvait le nier. Sa famille était plus fortuné que la moyenne, leur permettant de résider fièrement dans l’agitation constante de la capitale, Paris. Et cette vie pourtant stressante semblait plaire à Carmen. Depuis sa plus tendre enfance, elle a été bercée par l’amour grandissant de ses parents. Une mère Française, et un père Allemand, dont l’histoire familiale semble compromise par les souvenirs douloureux de la seconde guerre mondiale. Mais la faute n’était pas à remettre sur son père, n’est-ce pas? Alors sa mère, de cet avis, était passé outre le passé sulfureux des ancêtres de son père, laissant place à affection icomparable. Un bel amour qui avait donné naissance à trois enfants. Et elle avait été la première. Dès son plus jeune âge, Carmen a été cette fille pure, possédant ce sourire angélique si unique, toujours prête à aider son prochain... Dans les cours de récréation, elle jouait le rôle de cette fille aimée pour sa beauté, sa gentillesse, si bien que même les enseignants ne restaient jamais insensibles au charme que dégageait cette enfant. Et ça avait été de même pour la suite de ses études. Collège. Lycée. Pendant toutes ces années, Carmen avait baigné dans une popularité, qu’elle avait volontairement créé.

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Sourire, aider… Paraître adorable. C’est tout ce que tu dois faire.

 

Un Ange. C’est à ça qu’elle ressemblait. Mais, si tout cela n’était que superficiel, si sa seule apparence confirme cette idée presque angélique qu’on a d’elle, était-ce réellement ce qu’elle était? Un enfant rempli d’amour et de bienveillance? “Mentir, mentir. Tout le monde doit t’aimer”. C’était ces mêmes mots, qu’elle s’était réitérée en boucle dans son esprit, qui l’avait forgée. La seule crainte inavouable qui la rongeait, c’était cette angoisse de la haine. Elle avait peur d’être détestée. Peur de la moquerie. Peur de choses qui, si elle écoutait les médias, ne devrait pas exister en elle. C’était pourtant une angoisse indomptable qui la hantait tous les soirs. Tous les jours, toutes les heures, toutes les minutes de sa vie. Elle ne passait pas un seul instant sans se demander ce qu’on pensait réellement d’elle. Si elle était assez pure. Mais au fond, elle savait qu’elle ne l’était pas. Qu’elle avait ses vices, elle aussi, malgré ce qu’elle voulait faire croire. Car si ses parents étaient persuadés d’avoir conçu une enfant stable et parfaite, Carmen savait qu’il s’illusionnaient sur sa vraie nature. Elle avait connaissance de ses nombreuses imperfections, imperfections qui semblaient absentes chez sa jeune soeur, qu’elle jalousait honteusement. Alors qu’elle n’avait que 18 ans seulement, Carmen enviait ce petit être de 6 ans, qui lui rappelait presque sa propre jeunesse. Sauf que sa soeur, Marie, n’utilisait pas sa gentillesse pour cacher d’impardonnables vices. Et c’était cela même que la jeune fille de 18 ans jalousait. Par ailleurs, son frère de 15 ans semblait n’avoir, lui aussi, aucun défaut. Elle n’avait pu s’interroger sur sa propre peronne. Pourquoi? Pourquoi était-elle seule à héberger ces horribles démences elle? Et plus les années avançaient, plus il était laborieux de garder ces vices secrets. Ah, mais pourquoi était-elle comme ça?

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Pleure, pleure, je n’attends que ça.

 

La peine. Elle aimait énormément la ressentir. Chez elle, et chez les autres. Alors qu’elle laissait croire à une âme douce et bienveillante, Carmen prenait plaisir à observer la détresse émotionnelle de son entourage. Ce vice, elle le cachait sous une fausse empathie. Parce qu’elle voulait être aimée. Mais au delà de ce qui s’apparentait à une pure cruauté de sa part, la jeune femme prenait aussi un plaisir malsain à souffrir. Mais de simples agressions envers soi-même, ou même consenties, ne la contentait pas. Elle aimait quand tout allait mal pour elle. Quand sa famille, le temps d’un instant, était complètement brisée, l’amour volant en éclats à travers les pièces du grand appartement. À 18 ans, alors qu’elle venait d’achever son ultime année de lycée, la jeune femme avait pensé trouver cette sensation de mal-être dans la solitude. Elle avait pu, grâce à ses parents, louer un bel appartement, faisant face à la dame de fer. Carmen avait choisi de poursuivre des études de littéraires, qu’elle affectionnait beaucoup plus que la science. Dans cet appartement, elle avait presque espéré que la solitude dans laquelle elle devrait vivre lui ferait éprouver ne serait-ce qu’un infime sentiment de détresse. Mais il n’en avait rien été. Elle était presque malheureuse d’être heureuse. Mais elle avait maintenu cette apparence d’ange. Parce que ses vices ne s’étaient pas éteints. Elle voulait toujours être aimé. Aimé de tous, et pour tous les actes qu’elle ferait. Et pour la énième fois, son jeu avait fonctionné. Tout le monde l’admirait. Mais elle était admirée pour quelque chose qui n’était pas vraiment elle. Sa beauté en avait attiré plus d’un. Et pourtant, seulement un homme, âgé de 6 ans de plus que lui, avait conquis son coeur. Il lui avait apporté la tendresse dont elle avait besoin. C’était indéniable. Mais, sans le savoir, il lui avait aussi donné la détresse qu’elle avait tant désiré. Cet homme, en emménageant chez elle, lui avait apporté cette souffrance émotionnelle qu’elle cherchait tant. Elle avait alors encaissé insultes, mépris et moqueries sans jamais réagir. Parce que ça faisait mal. C’était horrible, mais elle ne pouvait plus concevoir de vivre sans cette souffrance morale. Et puis, elle l’aimait. Il savait être doux. Doux et violent. Après les simples mots, il en était venu aux mains. Mais là encore, Carmen était restée sage, acceptant son destin. Après tout, elle le méritait. Son être était tellement vicié qu’elle devait être sanctionnée pour tout ça. Et il était là pour ça. Cet homme, qu’elle aimait de tout son coeur, et qui, elle en était sûr, l’aimait aussi, était un véritable monstre caché sous une montagne de roses. Il était violent, certes, mais lui aussi était rempli d’amour. Elle le savait. Alors, même si ces coups terribles, même si ce comportement violent ne cesserait pas, Carmen continuerait de l’aimer de tout son coeur. Elle continuerai d’accepter et d’apprécier cette torture émotionnelle, ces violences physiques à répétition, et la démence de l’être qu’elle aimait tant. Parce qu’il le fallait pour être digne de son amour. Parce qu’elle aimait ça. Et parce qu’elle méritait ces tourments.  

“Laisse-moi, laisse-moi vivre une dernière fois. Brise-moi, mais par pitié, ne me tues pas.”  

 

C’est seulement ce soir-là que tout s’était passé différemment. Pour la troisième fois cette semaine, les larmes roulaient sur les joues roses de Carmen. Mais cette fois-ci, quelque chose semblait différent. Les coups portés sur le corps de la jeune femme devenaient de plus en plus violent. Elle avait supplié d’arrêter. Pour la première fois. Parce qu’au delà de la douleur, quelque chose d’anormal se produisait. Mais il n’avait pas stoppé ses coups. Et, quelques minutes après, les yeux de Carmen s’étaient doucement fermés. Une aveuglante obscurité avait semblé s’être emparée de son être, et, la jeune femme avait progressivement senti ses forces la quitter. Son corps ne semblait plus vouloir coopérer. Alors, elle avait suivit son corps, abandonnant la moindre résistance, laissant les forces extérieurs la plonger dans un monde qu’elle ne connaissait pas. Carmen, un léger sourire décorant son visage, avait seulement prononcé sa dernière phrase, dans un doux soupir.

 

“Pardonne-moi. Je suis trop faible. Mais je t’aime.”

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